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Le Blog de Pascal Fouché flipbook.info
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Un blog sur le flip book

   Afin de partager mes découvertes concernant cet objet méconnu qu'est le flip book, je vous propose de commenter ici régulièrement ce que je peux trouver de nouveau en matière d'histoire du flip book et des feuilleteurs et aussi de vous présenter mes dernières trouvailles. N'hésitez pas à réagir (en français ou en anglais) et à me faire part de vos propres réflexions ou des nouveautés dont je n'ai pas encore connaissance. Ainsi pourrons-nous faire progresser notre connaissance de cet univers.

Pascal Fouché

5 janvier 2020 à 23:48:20

Séries (7) Les flip books de Flicker Productions, Ltd. (1)

Plusieurs flip books de cette collection figurent parmi les flip books les plus rares de leur époque probablement parce qu’ils ont fait l’objet d’un tirage moindre que d’autres mais aussi parce que certains sont collectionnés non pas par des amateurs de flip books mais par des fans de sportifs et des collectionneurs de Disneyana (il y a dans la collection deux flip books tirés de dessins animés de Walt Disney) ce qui explique qu’ils peuvent atteindre des prix qui paraissent prohibitifs.

Comme d’habitude, toutes les illustrations montrent uniquement des flip books de ma collection. Les éventuelles autres versions de ces mêmes flip books que je ne possède pas ne sont pas reproduites.



Flicker Productions Ltd., est une société créée à Londres en 1930 par un entrepreneur écossais, Norman Loudon, connu pour avoir par la suite créé les studios de cinéma Shepperton Studios, encore en activité près de Londres sous le nom de Pinewood Shepperton Studios.

On trouve des éléments biographiques sur Norman Loudon dans les ouvrages consacrés aux Shepperton Studios et une recherche complémentaire dans les archives et les bibliothèques m’a permis d’en connaître un peu plus sur son parcours.

Norman Loudon est né le 13 août 1902 à Campbeltown à l’ouest de l’Écosse. Le nom qui figure sur son acte de naissance est Norman Greenlees Weir-Loudon : son père est David Nisbet Weir-Loudon et sa mère Isabel Greenlees. Ses papiers officiels utilisent son nom complet, mais il l’a parfois abrégé en Norman G. W. Loudon et il se fait le plus souvent appeler Norman Loudon.

Il débute son activité professionnelle comme comptable et à 20 ans il est déjà marchand indépendant en Allemagne ; à 23 ans, il est directeur général de la société Camerascopes Ltd. puis on le retrouve, à 25 ans, dans l’impression rotative. Enfin, il crée Flicker Productions, Ltd. en 1930 à l’âge de 27 ans.



Je n’ai pas trouvé ce qu’il vendait en Allemagne mais par la suite toute son activité le conduira inévitablement vers le cinéma. Camerascopes Ltd. est une société londonienne qui a produit au moins le lecteur ci-dessus et de nombreuses vues stéréoscopiques. Quant à l’impression rotative, elle le conduit probablement à cette collection d’images animées qu’il appelle Flicker Books comme on nomme fréquemment les flip books en Grande Bretagne à cette époque.

La société Flicker Productions, Ltd. a eu une activité éphémère (deux ans au plus et probablement moins) ; on retrouve Norman Loudon dès février 1932 comme créateur d’une nouvelle société Sound City Film Producing & Recording Studios qui deviendra Shepperton Films Studios puis Pinewood Shepperton Studios. L’histoire de la création de ces studios a été retracée dans un hommage qui leur a été rendu il y a une quinzaine d’années :

« The site [Littleton House, Shepperton Film Studios] was then [1931] bought by Norman Loudon, a young wealthy Scottish businessman whose newest venture – producing "flicker" books for children – was proving financially rather successful. "Flickers", as they were known, were made up of dozens of consecutive single frame photos that gave the impression of movement as a child literally flicked through the book. Suddenly one could see a cricketer bowling a ball or a golfer swinging his iron. It was all very exciting and, more importantly for Loudon, very profitable […]. Seeing this as a portent that he should delve further into the world of film-making, Loudon bought Littleton Park with the profits of Flicker Productions » (Morris Bright, Shepperton Studios. A Visual celebration, Southbank Publishing, 2005, p. 25).

Ainsi, si cette histoire n’est pas une légende, il y aurait au moins un éditeur de flip books qui aurait fait suffisamment de profits pour se lancer dans une autre aventure qui l’a rendu célèbre ! Si je pense que cela peut être une jolie légende, c’est que j’ai noté que le père de Norman Loudon est mort en 1931, l’année où il achète le domaine dans lequel il va construire les studios, et que Flicker Productions, Ltd. n’a édité qu’une quarantaine de flip books ce qui paraît peu pour faire beaucoup de profits.

Je crois malgré tout que l’entreprise a réellement connu le succès et c’est probablement parce qu’il s’est associé à des enseignes (Harrods, Slazengers, Lillywhites Ltd, Farlow & Co., Ayres Ltd., Burroughes & Watts Ltd., Thornton's, Wisden & Co. Ltd., Bastow Ltd., Finnigans, Lewis’s, Army & Navy Stores…) pour distribuer ses flip books sous leur marque ce qui lui a permis de toucher un public qui ne s’est, contrairement à ce que l’on raconte, à l’évidence pas cantonné aux enfants. Le flip book est souvent considéré par les gens qui n’en sont pas familiers comme un jouet mais il a toujours été apprécié par un public adulte ciblé en fonction de ses centres d’intérêts et s’il y a effectivement dans la production de Norman Loudon une série pour les enfants, l’essentiel de ses flip books est en fait consacré au sport et ils représentent des sportifs célèbres à leur époque.

Dans son livre, Shepperton Studios. An Independent View (British Film Institute, 1994), Derek Threadgall rapporte que les flips books ont été filmés en slow-motion avec une caméra Pathé 35mm que Norman Loudon utilisera par la suite quand il débutera dans le cinéma. Il a pu interroger Brian Anthony, un employé de Norman Loudon au temps de Flicker Productions, et celui-ci lui a précisé que le jeune entrepreneur écossais avait deux autres collaborateurs, George Robbins et Major Beauville, et un photographe, George Dudgeon-Stretton (qui fera ensuite carrière dans le cinéma sous le nom de George Stretton). Il lui a raconté comment étaient produits les flip books :

« We would select from the photographic action a three - or four - second section which was put into an enlarger. This produced a blow-up from every second or third frame, depending on the action. We printed up the enlargements on register pins to fit the booklet. […] A fifty-page book, when "flicked" by the finger or thumb, would give about two to three seconds of action. […] After we made up the master books, they were sent to Norwood in south-east London for bulk printing and distribution to stores such as Hamleys in London’s West End. These booklets were very popular at the time and very cheap to buy » (p. 5).

Avant d’en venir à la collection elle-même, que dire de plus de Norman Loudon ? Littleton Park House, le siège de Sound City Studios, se trouve à 24 kilomètres de Londres et il y débute son activité dès 1932 en accueillant une production de qualité qui va rendre célèbres les studios qui s’étendront dès 1934. Pendant la seconde guerre mondiale le site est réquisitionné par le ministère de la Défense pour produire des leurres disséminés dans tout le pays afin de tromper les Allemands. Dès septembre 1945, Norman Loudon annonce la réouverture des studios mais doit céder la majorité de son capital au producteur et réalisateur Alexander Korda. Les studios changeront de mains plusieurs fois par la suite ; ils seront notamment possédés dans les années 1990 par les frères Ridley et Tony Scott avant d’être repris et fusionnés avec les Studios Pinewood. De très nombreux films en sont issus comme Émile et les Détectives de Milton Rosmer (1935), Anna Karénine de Julien Duvivier (1948), L’Odyssée de l’African Queen de John Huston (1952), Richard III de Laurence Olivier (1956), Un Roi à New York de Charlie Chaplin (1957), Lawrence d’Arabie de David Lean (1962), 2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968), Alien de Ridley Scott (1979), Elephant Man de David Lynch (1980), Out of Africa de Sydney Pollack (1985), Gladiator de Ridley Scott (1998), Harry Potter et la Chambre des secrets de Chris Colombus (2002), Star Wars, épisode III : La Revanche des Sith de George Lucas (2004). Ce ne sont que quelques exemples ; beaucoup de séries télévisées ont également été tournées là-bas.

Quant à Norman Loudon, il quitte le domaine du cinéma mais, selon Derek Threadgall (op. cit.), il a investi dès novembre 1946 dans une nouvelle société, Bellrock Construction, qui produit des moules permettant de fabriquer des panneaux de construction en plâtre destinés aux logements, une priorité pour les gouvernements d’après-guerre. Il a également investi dans l’extraction de gypse en Jamaïque grâce auquel il parvient à produire du plâtre de qualité pas trop cher pour séduire les promoteurs. Cette nouvelle activité l’amène à voyager partout dans le monde pour la promotion de ses produits.

Il a été marié deux fois en 1928 et 1950 et il est mort à Londres le 13 mars 1967 à l’âge de 64 ans d’une hépatite chronique comme le révèle son acte de décès.

Voici la seule photo de Norman Loudon que j’ai pu retrouver ; il l’a utilisée pour entrer au Brésil en 1947 :



Et sa signature apposée sur son testament en 1961 :



Notons enfin qu’une société appelée Flicker Productions Limited a été créée à Londres en 2016 et qu’elle produit des programmes pour la télévision. J’ai tenté de savoir si le nom qu’elle porte était une référence à la société de Norman Loudon mais ses fondateurs n’ont pas répondu à ma demande.



La collection par elle-même comprend une série consacrée aux sports numérotée de 1 à 25 avec un même numéro attribué à trois flip books 11a, 11b, 11c, ce qui fait en tout 27 flip books pour cette série et une série Junior composée de 8 flip books numérotés de 31 à 38. Au total donc 35 flip books que voici :



Certains, comme on le verra en examinant plus précisément chaque flip book, ont aussi été publiés avec des numéros différents mais ils ont le même contenu.

Au fil des années en plus de ces 35 flip books, j’en ai trouvé 8 autres publiés par Flicker Productions, Ltd. qui ne font pas partie de ces deux séries. Et il y en a probablement que je ne connais pas même si j’ai acheté tous ceux que je voyais, c’est pourquoi j’ai estimé la production de l’éditeur à une quarantaine de flip books. Voici les 8 que j’ai réunis à ce jour et qui ne font pas partie des deux séries :



Les séries Sport et Junior sont détaillées dans certains des flip books, c’est pourquoi on peut dire avec certitude qu’elles se limitent aux 25 numéros pour le sport et 8 pour la série Junior. En voici la composition telle qu’elle figure dans ces flip books :







Une erreur figure dans le second feuillet puisque les numéros 13 et 16 indiquent qu’ils représentent Kathleen Doman pour le lacrosse et le hockey alors que c’est finalement Kathleen Lockley qui représentera le lacrosse. Cette erreur sera rectifiée dans d’autres feuillets ; elle vient probablement, outre le fait qu’elles aient le même prénom, de ce que Kathleen Doman jouait à l’époque à la fois au hockey et au lacrosse.

Produits donc en 1930 et 1931, les flip books de Flicker Productions, Ltd. mesurent 5,5 cm x 7,5 cm (à l’exception des deux Frank Woolley hors séries qui font 7,5 cm x 10 cm), sont recto verso et se feuillettent de l’avant vers l’arrière. Ils sont composés de photographies (la plupart 50 au recto et 50 au verso soit 100 pages) sauf dans la série Junior où trois d’entre eux sont tirés de dessins animés. La première page de chaque côté comporte sous les photographies (5,5 cm x 4,5 cm) la mention de l’éditeur « Flicker Productions, Ltd. » avec sur certains l’adresse du siège de la société : « 113b Earl’s Court Road, London, S.W.5, Phone : Frobisher 3277 ». Le prix auquel ils étaient vendus ne figure que sur trois des flip books : 6 pence chacun.

Sur les exemplaires numérotés, le numéro est reporté sur le dos du flip book avec en général la mention « Copyright. Printed in England. ». Certains flip books comportent en quatrième page de couverture une mention « Christmas Greetings To… From… » pour pouvoir être offerts en cadeau au moment des fêtes.



Tous ces flip books sont difficiles à trouver en bon état parce qu’ils ont le plus souvent été beaucoup feuilletés et que l’agrafe qui sert de reliure est plus ou moins rouillée ce qui peut déteindre sur les couvertures.

À suivre pour examiner plus en détails les flip books de Flicker Productions, Ltd.

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