|
|
|
Depuis la fin du XIXe siècle, des flip books ont été réalisés sans discontinuer comme cadeaux publicitaires ou vendus comme des livres ou des jouets. Ils sont illustrés de photographies en noir d'abord puis en couleurs ou de dessins en tous genres. Ils peuvent être classés en grandes catégories : Cinéma, Sport, Érotique, Publicité, Actualité, Bande dessinée-Dessin animé et Dessin d'animation, Flip books d'artistes, Livres, Feuillets à découper ou autocollants, Internet et enfin quelques Inclassables. Pour chaque catégorie nous avons choisi quelques exemples particulièrement significatifs dans notre collection.
Lié au cinéma et à son histoire, celui-ci a bien sûr apporté au flip book quelques-unes de ses plus célèbres séquences. Dans les années 1897, un nommé A.H. Gies produit de petites séquences de films muets en même temps qu'Edison et Gaumont. Puis on utilisera périodiquement des extraits de films plus ou moins célèbres souvent à partir des acteurs. Les images ne privilégient pas forcément la continuité d'une séquence mais plutôt des images prélevées à intervalles plus ou moins réguliers. Une simple séquence comme celle montrant Marilyn Monroe et les Marx Brothers dans son premier film « Love Happy» peut suffire à constituer un flip book. Ce sont ces images qui ont servi à celui consacré à Marilyn dans la série nommée « Flip-O-Vision » donnée en prime par Topps Production qui se présente en bande à découper et à assembler et représente des scènes de films. Une autre série baptisée « Ideal Moving Pictures» montrant chacun une séquence d'un film dans lequel on voit un acteur, une actrice ou une situation qui se prête au feuilletage. Un peu plus tard une série de douze flip books baptisés « Moviebook» montre dans un de leurs films des acteurs de la Metro-Goldwin-Mayer comme Clark Gable, Joan Crawford ou Greta Garbo avec sous chaque image des éléments de leur biographie. En 1963, Topps réalise 36 flip books commercialisés par deux connus sous le nom de « Monsters » parce qu'il représente les personnages fantastiques de films d'Universal Pictures comme Frankenstein et Wolfman. Pour réaliser ces flip books, il est nécessaire d'obtenir l'autorisation du producteur et éventuellement de l'acteur représenté quand l'accent est mis sur lui. Ainsi ce contrat cosigné par Warner Bros et Kellogg pour la réalisation d'un flip book avec Burt Lancaster en 1950. En page 2, Burt Lancaster lui-même accorde l'autorisation. En 1969 à New York, les graphistes Sandy et Val ont réalisé une série de flip books nommés Pocket-Cinema dont certains reprennent des scènes de vieux films. En France une série intitulée Pocket Film montre des acteurs comme Michel Simon ou Edwige Feuillère dans un de leurs films. En 1998 les Éditions Cent pages ont réalisé une série de flip books montrant notamment des scènes de Fric-Frac avec Arletty et Michel Simon. Pour le centenaire de la naissance de Luis Bunuel, la Filmoteca Ayuntamiento de Zaragoza a consacré un flip book à son célèbre film Un Chien andalou. Depuis plusieurs années, le Deutsches Filmuseum de Francfort a réalisé plusieurs flip books dont en 2003 un consacré à Winnetou, la série de western allemands. On a aussi de tous temps réalisés des flips books pour promouvoir un film. La Paramount en a ainsi réalisé pour un film de 1926 Aloma of the South Seas montrant l'actrice Gilda Gray exécutant une danse sur la plage. Autre séquence celle montrant Clara Bow surnommée « The IT Girl » pour promouvoir le film IT réalisé en 1927. Plus récemment on a également des flip books pour des films comme Fargo, Terminator, Matrix, Star Wars ou Spider-Man. La cinémathèque de Montréal a réalisé une série de treize flip books, qui sont des dessins d'animation, à l'occasion de la rétrospective mondiale de l'animation en 1967 réalisés par des grands noms de l'image comme Peter Foldes ou Robert Breer. La Cinémathèque Royale de Belgique a proposé à l'occasion de son cinquantenaire en 1988 un flip book réalisé par le peintre Alechinsky. Pour célébrer le centenaire du cinéma en 1995, la société DD a édité quatre étuis contenant chacun trois flip books en hommage aux pionniers du cinéma : Émile Cohl, Léonce Perret, Ferdinand Zecca, Jean Durand et Étienne-Jules Marey. L'Institut Lumière à Lyon a publié également des flip books historiques reprenant les premiers films produits par les frères Lumière : « L'arroseur arrosé », « L'arrivée d'un train en gare de La Ciotat » et « La sortie des usines Lumière ». Le Museum of the Moving Image de Londres a produit également en cette circonstance un coffret de quatre flip books montrant des extraits de quatre des premiers films réalisés en Grande Bretagne, en Allemagne, aux États-Unis et en France. Le coffret contient un petit livret d'explication sur ces quatre films et une petite histoire du flip book sous le titre « The Flick Book story » remarquable parce qu'un des seuls textes sur le sujet 1. Enfin le British Council à l'occasion d'une exposition « The Birth of the Movies » a produit un coffret de cinq flip books montrant cinq séquences des premières années du cinéma. Les séries TV n'ont pas été oubliées : un flip book recto verso réalisé par l'éditeur Simon & Schuster montre le Dancing Baby (voir l'animation), célèbre personnage de la série Ally McBeal. L'artiste et spécialiste américain du film d'animation, Jean-Pierre Trépanier, a longtemps fait du flip book son principal mode d'expression allant jusqu'à dire : « Une histoire peut être racontée dans un simple flip book. Et il coûte moins cher que le film 2 ».
Le sport a été l'un des plus grands utilisateurs de flip books surtout aux États-Unis et en Grande Bretagne. Le flip book peut être un hommage à un sportif ou la commémoration d'un événement. À la fin du XIXe siècle ce sont essentiellement des dessins qui l'illustrent puis rapidement des photographies. Par exemple un flip book commémorant le record de vitesse sur un mile par le cheval Dan Patch à Minneapolis en 1906 a été produit quelques années plus tard et réédité depuis. En 1921, le match de boxe historique entre Jack Dempsey et Georges Carpentier est immortalisé par un dessinateur anonyme. Par contre ce sont des photographies originales qui illustrent ce rare flip book montrant l'aviatrice anglaise Amy Johnson (Voir l'animation) probablement dans les années trente quand elle remporte de nombreux records avant son dernier vol fatal en 1941. En 1937, sous le nom de « Baseball Movies » ont été réalisés treize flip books offerts par la Goudey Gum Company sur les principales stars du Baseball. Présentés en deux parties, ils ont été ensuite repris sous le nom de « Thum-Movies ». Une série britannique sur différents sports d'environ 35 flip books, probablement aussi réalisée avant-guerre par une société dénommée Flicker Productions est publiée selon les sports par des éditeurs comme Slazengers Ltd pour le tennis et Burroughes & Watts Ltd pour le Billard. Les premiers sont consacrés au cricket puis au tennis, au golf, au football, au hockey, à la natation, au billard, etc. Ceux consacrés à des stars du cricket comme Don Bradman ou du golf comme Bobby Jones sont collectionnés par leurs fans et donc d'autant plus difficiles à trouver. Les Américains sont très friands de ces cadeaux qu'ils appellent des Premiums, des primes qui sont offertes avec des achats en particulier de denrées alimentaires. Sam et Gordon Gold ont été entre 1920 et 1974 les fournisseurs de ces marques pour des Premiums en particulier consacrés au sport. Ils avaient fait réaliser ces photos originales pour un flip book consacré au baseball qui n'a finalement pas été édité. Au début des années soixante ont été offerts par la marque de céréales Post au Canada, une série de « Hockey Stars flip books » qui contiennent des textes en anglais et en français en hommage aux stars du championnat de l'époque. Sans date cet étui de huit flip books suisses « Ski pocket film instructor » dans laquelle deux champions suisses montrent les techniques du ski. Au début des années soixante-dix le Daily Mirror a réalisé une série de flip books commémoratifs consacrés aux stars du football mondial. Plus récemment, en 1977, les principaux joueurs de la NBA, le championnat américain de Basket ont donné lieu à une série (Dell Thumbshots Basketball) ; chaque flip book contient en outre des informations biographiques et statistiques sur le joueur au verso de chaque page. Une série du même genre devait être produite en même temps par la MLB (Major League Baseball Players), mais elle n'a pas dépassé le stade du prototype avec un flip book consacré à Rod Carew. En 1989 une série intitulée Flipp Tipps montre des joueurs de baseball : Mickey Mantle, Brett Butler, Don Mattingly, etc. et le célèbre joueur de football Pelé. Les sportifs les plus connus ont tous droit un jour ou l'autre à leur flip book. Parmi eux, on peut citer Michael Jordan ou Tiger Woods. Parfois ce sont des marques, notamment Coca Cola ou des sponsors qui les réalisent. En 2001 a été réalisé un flip book pour commémorer le 40 e anniversaire d'un célèbre Home Run de Roger Maris. Entre 2002 et 2004, une société Flipp Sports produit en liaison avec les associations professionnelles de baseball américains une série de flip books sur les grands événements du championnat américain centrée sur les principaux joueurs en multipliant les informations. Le flip book peut aussi servir à faire l'apprentissage d'un sport. La décomposition de mouvements est en effet particulièrement parlante. Une célèbre série de 1939 baptisée Ciné-Sports Library montre ainsi de nombreux sports du javelot au golf grâce à une série de flip books dans un format entre le livre et le format traditionnel du flip book qui permet de nombreuses animations. En 1957, la société Gillette a consacré un double flip book aux gestes secrets effectués par les joueurs de baseball pour se donner des indications. En 1978, une série Sport Flip montre elle les disciplines de l'atlétisme. Les sports de combat sont particulièrement bien servis notamment avec des démonstrations de Bruce Lee. Tous les sports peuvent être ainsi traités comme les plus inattendus : le trampoline ou le lancer de bâton.
L'érotique a été également une grande source d'inspiration pour les éditeurs de flip books. Dans les années 1900 les employées des boutiques spécialisées de la rue de la Lune à Paris, vendaient des flip books plus « légers » que pornographiques. Et l'Allemagne n'est pas en reste avec ses Lebende Photographien. Les Américains ont produit également en particulier des séries photographiques montrant un strip-tease d'un modèle nu (voir l'animation). Plus récemment, en 1988 à Berlin ont été produits quatre « Erotic Mini Movie » et la société allemande Harlekin en a édité quant à elle dans les années quatre-vingt-dix. Et au début du XXIe siècle c'est l'éditeur américain PowerHouse qui produit des Strip Flips de Leslie Lyons.Les dessinateurs ne sont pas en reste évidemment, comme ces flip books allemands édités en 1976 par Comics Production. Et en 2003 celui de Tom de Pekin (Voir l'animation) édité par la galerie Papier Gras à Genève.
Très vite après son invention, le flip book a servi d'objet publicitaire. C'est un petit objet ludique relativement facile à fabriquer et qui peut servir à la fois de cadeau et d'outil de promotion pour une marque ou même donne la possibilité de montrer un produit en action ou encore la façon de s'en servir. Comme d'autres objets publicitaires, buvards ou signets par exemple, même s'ils sont souvent imprimés en plus grande quantité que ceux destinés à être vendus, ils sont parfois plus difficiles à retrouver, en particulier en bon état. Comme le Bon Marché qui en a réalisé une vingtaine sous le nom de Cinématographe de poche d'autres magasins ont fait leur promotion par ce biais comme ce Grand Bazar et Nouvelles Galeries de Cholet. Juste avant la première guerre mondiale la Ligget & Myers Tobacco Company a réalisé une série de dix flip books consacrés à montrer des danseurs en action. Ils ont servi à la promotion des marques de cigarettes Sultan et Fatima. Certains ont été également réalisés en dehors de la série et dans un autre sens (Voir l'animation). De la même façon, la marque Turkish Trophies, produite par Sotirios Anargyros à partir de 1890 et reprise en 1900 par l'Américan Tobacco Company de James Duke, réalise une vingtaine de flip books en 1905 qui montrent des scènes de films de l'époque. Montrer son produit est aussi une façon de le vendre. Ainsi ce fabricant de machines à imprimer de Chicago qui montre sa machine en fonctionnement. En Angleterre, un fabricant de semelles montre comment remplacer soi-même ses semelles en moins d'une minute ; un laboratoire montre « l'effet bœuf » d'une potion, Bovril (voir l'animation)dans un flip book qui est l'un des plus anciens tout en couleurs. Certaines marques se servent d'exploits sportifs pour promouvoir leurs produits. Ainsi l'huile Castrol qui a fait deux flip books en 1937 pour montrer les exploits de Sir Malcolm Campbell et du capitaine George Eyston battant le record de vitesse sur l'eau. Après guerre, en France, un fabricant de laine choisit des dessins d'animation sous le nom de Pingouinscope, Stemmscope et Adhemarscope. Depuis toutes sortes de marque font régulièrement des flip books publicitaires. Les constructeurs automobiles sont certainement les plus actifs dans ce genre, la voiture en mouvement se prêtant particulièrement bien à la démonstration. Volkswagen en fait régulièrement ; celui de 1965 montrant la coccinelle est particulièrement original mais Volkswagen en a fait aussi pour montrer le fonctionnement de ses airbags. Chevrolet a présenté l'espace de sa « 1969 Walk-in-Wagon ». Peugeot le fonctionnement du toit ouvrant de ses Peugeot 200 et 402 et en a fait aussi pour la 206. Mitsubishi montre de la même façon le toit ouvrant de sa Spyder, Mercedes celui de la 300 CE-24 Cabriolet et Honda l'ouverture plus manuelle de la CRX. Toyota comment se replient les sièges dans la Yaris Verso. Lancia en a fait aussi pour la Lybra et toute une série avec une reliure originale pour son Ypsilon (Voir l'animation). Porsche montre la Boxster, Alfa Romeo son modèle 156 et Audi son A4. Audi célèbre aussi sa victoire aux 24 heures du Mans avec un flip book pour voir 24 heures en 2,4 secondes. La nouvelle Mini a aussi eu le droit à son flip book original puisqu'il mêle dessins et photographies. Les motos ne sont pas en reste avec BMW, mais aussi un coffret de six flip books Harley Davidson. Tous les produits peuvent servir de prétexte à un flip book comme ce four qui s'ouvre pour célébrer les 125 ans de la marque Neff ou ces dessins accompagnant la Fromagère avec râpe conçue par Philippe Starck sous le nom de « Mister Meumeu ». Des fabricants d'articles de mode ou de cosmétique ont en aussi fait comme Nike, Adidas ou Burberry, dans la tradition du Presto ! d'avant-guerre. Chanel également et la ligne de cosmétiques Mac Femme Noir ainsi que des parfums comme So You de Giorgio Beverly Hills ou Fragile (Voir l'animation) de Jean-Paul Gaultier qui a poussé la sophistication jusqu'à mettre au dos une pastille à soulever pour sentir le parfum. Des alcools aussi comme la Vodka Absolut qui nous explique comment préparer le cocktail Cosmopolitan ou Glenfiddich qui met en scène Charlie Chaplin. Plus rare un fabricant de tranches d'ananas en boîte qui montre une strip-teaseuse qui s'effeuille.
L'actualité ou la politique peuvent s'emparer du flip book. En 1917, les Américains en font un pour promouvoir le « Liberty Bond ». À l'intérieur est présenté le drapeau américain avec quelques pages sur son histoire. En 1925, pour l'Année Sainte, on voit le pape Pie XI bénissant la foule. En 1929, ce sont des corridas à Séville et à Barcelone qui sont ainsi célébrées. En Allemagne, au tournant du XIXe siècle, on peut voir le Kaiser Guillaume II enlever son casque à une tribune. Probablement réalisé dans les années trente, un flip book intitulé « Der Führer spricht » montre Hitler s'exprimant devant un micro. Servant aussi à la propagande pendant la seconde guerre ces « Stukas vernichten englishes Kriegsschiff » (Stukas détruisant des navires de guerre anglais) dans ces dessins très simples expriment parfaitement leur intention. A la même époque un flip book consacré au Général Franco le montre levant le bras pour saluer ! Enfin le roi George VI lui, salue son peuple probablement pendant la seconde guerre mondiale devant un navire de guerre.
LA BANDE DESSINÉE, LE DESSIN ANIMÉ ET LE DESSIN D'ANIMATION La bande dessinée a donné lieu à quelques déclinaisons en flip books mais peu nombreuses car les planches ne sont pas faites pour être animées. Une série de quatre flip books consacrés au Marsupilami a été publiée à Berlin en 1988. En 1989 et 1990, Semmel Verlag a consacré une série de neuf flip books au dessinateur Brösel et son personnage Werner. Les quatre premiers d'abord sous couverture en noir ont été repris sous couverture en couleur. Une série de huit produite par Rackham Productions à Paris éditée entre 1989 et 1992. Elle commence par deux flip books de Winsor Mac Cay l'un des premiers auteurs de Comic Strip américain mais ce sont des extraits de dessin animé. Les autres ont été confiés à des dessinateurs de bande dessinée : Riff Reb's, Moebius (Voir l'animation), Pitrak (Voir l'animation), Got, Leconte et Pic. Un autre flip book de Moebius (Voir l'animation) sans date ni titre est plus rare encore. En 1995 Démons & Merveilles en a consacré quatre à Spirou et Fantasio. En 2001, Carlsen Comicks en a consacré trois à Haggi et son Hartmut. En Allemagne plusieurs séries ont été consacrées à Loriot et à Mordillo (dont des cartes à envoyer qui contiennent un flip book). Enfin depuis 2001 les Éditions flblb à Poitiers réalisent des flip books avec des dessinateurs contemporains. Le Dessin animé est plus propice à l'utilisation en flip book car des scènes entières peuvent être isolées comme on l'a vu pour le cinéma. Les dessins animés de Max Fleischer ont toujours fait l'objet de flip books. Betty Boop et Koko le clown puis Popeye et les voyages de Gulliver ont été repris à diverses périodes. Félix le chat, le personnage d'Otto Messmer a aussi très rapidement été utilisé comme les personnages de William Hanna et Joseph Barbera, The Flintstones et The Huckleberry Hound notamment. Tous les autres producteurs de dessins animés ont aussi été concernés par ce support notamment Tex Avery avec une série de Démons & Merveilles en 1994. Walt Disney en a publié depuis sa création en autorisant parfois l'utilisation de ses personnages pour la publicité mais aussi comme produits dérivés vendus dans ses parcs d'attraction et comme promotion pour ses films. Aujourd'hui encore pratiquement chaque nouveau film s'accompagne d'un nouvel extrait sous forme de flip book. L'un des grands classiques a été publié en 1939 par Collins consacré à Donald & Pluto. Il s'agit d'un grand carnet comprenant cinq flip books rectos versos juxtaposés soit en tout 2000 images. Il a fait l'objet d'une édition en français par Hachette. Il y a une autre édition anglaise avec dix flip books. Quatre grandes séries ont été publiées par Disney : l'une pour les parcs Disneyland reprenant des personnages de Disney ; une deuxième reprenant presque exclusivement des scènes des dessins animés de Walt Disney et sortie dans les années soixante-dix dont certains ont fait l'objet de plusieurs éditions dont une en français par Bernard Carant ; une troisième consacrée aux grands dessins animés de Walt Disney publiée par Renner Davis en 1993 et 1994 et la dernière toujours en cours à chaque fois qu'un dessin animé est publié. S'ils ne sont pas publiés directement par Disney ils le sont par des marques liées à Disney comme Hyperion, Mouse Works ou Merrimack ou concédés à des éditeurs. Une série de dessins animés de Walter Lantz a également servi de cadeau dans des boîtes de céréales en 1949 sous le nom Post Grape Nut Flakes. Ils sont tous rectos versos mais seul un des côtés est en couleur ce qui est rare à une époque où la télévision était encore en noir et blanc et où donc on ne pouvait voir Tom & Jerry en couleurs que dans les magazines. Les Premiums de ce genre sont en général de petit format et, tirés en grand nombre, assez sommaires. Les plus célèbres sont ceux que l'on trouve depuis 1912 dans les paquets de Cracker Jack, le pop-corn américain créé en 1893. Le plus ancien que nous ayons retrouvé contient un extrait d'un film de Charlot. Ils sont souvent aussi illustrés de dessins plutôt que de photographies et imprimés au Japon pour des questions de coût. On en trouve dans différents formats et en particulier tête-bêche pour certaines séries. Outre les Cracker Jack, dont certains sont récents, les firmes Kellogg's, Kinder, Storck (Bazooka)(Voir l'animation) Post, etc. en ont réalisés. De la même façon, et sans qu'ils soient reliés à des bandes dessinées ou des dessins animés, depuis l'origine beaucoup de flip books ont été illustrés par des dessins et c'est encore aujourd'hui une part importante de la production. Du dessin très épuré à la recherche très sophistiquée, les dessinateurs trouvent dans le flip book un mode d'expression qui leur permet de façon simple de laisser libre cours à leur créativité. Après les flip books de facture assez grossière de la fin du XIXe, ceux de la première partie du XXe deviennent beaucoup plus proches de ce que l'on fait aujourd'hui. Notamment les séries réalisées par les fabricants de jouets américains Midgette et Peco, qui peuvent être utilisées dans leurs feuilleteurs mais aussi comme de simples flip books. Depuis régulièrement des dessinateurs se livrent à cet exercice. Trouvant des éditeurs, parfois d'avant-garde, ou s'éditant eux-mêmes, ils racontent tous leur histoire. Les plus productifs ont sans doute été aux États-Unis dans les années 1980, Patrick Jenkins, qui a également écrit un manuel pour montrer aux enfants comment réaliser leurs propres flip books et Ruth Hayes (Voir l'animation) , avec des réalisations très néosurréalistes, Matt Pollard et Joe Sharpnack dans les années quatre-vingt-dix et Massimo Indrio en Italie, toujours publié par le groupe Giunti, et dont certains flips books ont également été réédités au Canada. En France, deux dessinateurs produisent leurs propres flip books depuis la fin des années quatre-vingt-dix, Benoît Jacques et Jean-Vincent Sénac.
La définition du livre d'artiste est très large ; livre fait par un artiste montrant sa propre création, il pourrait s'appliquer notamment à tous les dessinateurs. Nous incluons pour notre part dans cette catégorie les flip books qui célèbrent les artistes (Gilbert & George), ceux qui témoignent d'une inventivité artistique dans la forme (ceux de George Griffin et de Christophe Boutin, par exemple) et ceux qui sont directement réalisés par des artistes, qu'ils soient illustrateurs ou photographes, en tirage limité. En 1972, la société britannique Alecto International Limited a produit sous le nom de Flikker Book une série de neuf flip books réalisés par des artistes dont Roy Grayson, Patrick Procktor, Eduardo Paolozzi et François Dallegret. La même année, un catalogue de John Baldessari est un exemple de livre d'artiste qui n'est pas forcément conçu comme un flip book mais qui se feuillette en créant une animation. John Baldessari a refait un flip book en 1998, Zorro. En 1976, Conrad Gleber a produit un flip book, Raising a family (Voir l'animation), dans lequel la photo de la famille apparaît petit à petit. Il est souvent cité comme un exemple. Dans les années 1970 et 1980, George Griffin a réalisé des flip books à partir de dessins (comme L'Age Door et Face Phases ) mais aussi combinant le dessin et le montage photographique (comme Urban Renewal ). En 1980, Sol Lewitt a publié un livre de photographies montrant un combat de coq sous le titre Cock Fight Dance. Il suffit de le feuilleter pour voir les coqs se précipiter l'un sur l'autre. Il existe trois titres différents de Gilbert & George dont les deux premiers ont fait l'objet de rééditions. Pour chacun d'entre-eux il en existe une version numérotée et signée qui est évidemment la plus recherchée. Le premier, « Oh, the Grand old Duke of York » (Voir l'animation), avant d'être réédité au format d'un flip book, avait servi de catalogue à une exposition à Luzern en Suisse en 1972. D'autres artistes se sont représentés lors de performances comme Saburo Murakami dans Entrance, Sound . En 1988 le label Blue Monday a invité Robert Breer pour une performance vidéo. Il a ensuite été réalisé un flip book des dessins de Robert Breer tiré à 350 exemplaires qui a été offert par le label pour la fin de l'année. En 1993, la galerie Camille Von Scholz a réalisé ce qu'ils ont appelé quatre « bibliofilms » contenus dans une ancienne boîte à film. Intitulés « Les Visions d'Oskar Serti », ces flip books, rehaussés à la main par Patrick Corillon, sont réalisés à partir de petits films tournés par l'écrivain qui, atteint de déficience visuelle, ne percevait plus les couleurs que grâce à des douleurs provoquées par des chaussures spéciales munies de clous. Ce coffret est tiré à seulement 35 exemplaires. Depuis les années 1990 des artistes de plus en plus nombreux ont utilisé ce support comme moyen d'expression. Ils ont souvent été réalisés par eux-mêmes. Ainsi, Matthew Gilson a tiré plusieurs flip books de ses photographies de Chicago. Anina Schenker et Stephanie Ognar se représentent en photographies. Patrick Kelley met en scène de petits événements de la vie courante. Lee D. Böhm et Juliane Otterbach se servent de l'illustration et Akiko Hada ou Hugh Connelly du montage. Erick de Lyon a réalisé un coffret de sept flip books consacrés à des photographies de chauves-souris. Le photographe Allemand Volker Gerling, qui s'est surnommé le Daumenkinograph, réalise depuis 1998 des flip books montrant en particulier des scènes de la vie courantes ou des visages qu'il a déjà exposés en particulier à Berlin. L'artiste Autrichienne Judith P. Fischer (Voir l'animation) utilise également le flip book pour montrer ses créations qui relèvent autant de la vidéo que de la photographie. L'Américaine Julia Featheringill (Voir l'animation) réalisé à partir de photos des animations de la vie courante très exceptionnelles et utilise toutes les ressources du flip book. Le dessinateur Français Paul Cox a également réalisé lui-même plusieurs flip books très réussis. Le photographe, vidéaste et écrivain Français Alain Fleischer réalise depuis longtemps des flip books photographiques. Il en a montré certains lors d'une exposition au Centre d'art d'Ivry (le Crédac) en 1998. Un flip book a été tiré de l'un d'entre eux : Le voyage d'une main. En 2002, le numéro 39 de la revue Visionaire, dont chaque numéro est différent et constitue toujours un objet de collection, est une boîte en bois contenant 16 flip books photographiques. Ils sont été confiés chacun à un artiste différent parmi lesquels, Spike Jonze, Pedro Almodovar, Karl Lagerfeld et Mario Testino. En 2003, un coffret de 18 flip books, Italia, a été produit sous le nom de Flip-O-Rama par de.MO-Design. Il s'agit de photographies d'Elliott Erwitt représentant des Italiens. D'autres artistes comme Pierre Bismuth, Jean-Charles Blais, Christophe Boutin, Kyle Bravo, François Curlet, Keith Haring, Vincent Julliard, William Kentridge, Jonathan Monk, Bruce Naumann, Tony Oursler ou Emmett Williams, ont contribué de façon significative à ce genre méconnu dans des réalisations très diverses.
De nombreux livres contiennent une partie à feuilleter pour montrer une animation. Il peut s'agir de dessins ou de photographies qui sont disposés au bord des pages. Il peut y en avoir plusieurs dans le même livre. Le plus ancien signalé se trouve dans le numéro de novembre 1898 de l' Harmsworth Magazine (Vol. 1, n°5). Il s'agit d'une série de 71 photographies d'un film des frères Lumière montrant deux enfants qui dansent pour expliquer le principe du cinéma à tous ceux qui ne l'ont encore jamais vu 3. Certains livres, plus rares, présentent même ces illustrations comme de véritables flip books reliés dans le volume. C'est le cas de du livre du docteur Theodoor Hendrik van de Velde, Sex efficiency through exercises publié à Londres en 1933 dans lequel il montre les exercices que doit faire une femme pour entretenir son corps. Les livres de sport sont également propices aux démonstrations. Une série publiée à Londres par l'éditeur Blackie & Son et intitulée « Blackie's Sports Series » a consacré des volumes à de nombreux sports comme la boxe ou le golf. Ce volume dû à la championne de golf Pam Barton contient quatre flip books : Drive, Mashie-niblick, Spoon et Bunker Shot. Plus récent en 1968, Jean-Jacques Pauvert publie un livre sur les humoristes Les Frères Ennemis qui contient des textes de leurs sketchs et un flip book qui est annoncé en couverture : « Prenez le coin du livre entre le pouce et l'index, serrez, feuilletez, et vous verrez vivre Les Frères Ennemis ». En 1972, un livre consacré à Fred Astaire et Ginger Rogers, contient deux extraits de deux films dans lesquels ils dansent tous les deux : Swing Time et Follow the Fleet. Certaines bandes dessinées comme des Pif Poche , Placid et Muzo Poche et Arthur Poche 4 contiennent un flip book au bord des pages sur le modèle des « Better Little Book » américains dont une série au début des années 1940 contient un flip book à feuilleter. Il existe également un certain nombre de livres destinés à expliquer aux enfants comment on fabrique des jeux optiques dont des flip books. Patrick Jenkins en a même consacré un presque entièrement à la façon de faire des flip books : Flip Book Animation en 1991. LES FEUILLETS À DÉCOUPER OU AUTOCOLLANTS Les flip books en feuillet à découper et les planches d'autocollants sont pour beaucoup des objets publicitaires insérés par des marques dans des produits. Smarties, McDonald's, Lu, Kinder ou Kellogg's en ont réalisé dans les années quatre-vingt-dix. D'autres ont été publiés pour être assemblés par les enfants comme ces boîtes consacrées à Popeye et à Huckleberry Hound en 1961 qui contiennent chacune quatre flip books à découper et à monter. Même chose un peu plus tard pour ces deux séries de flip books à monter représentant Mickey et Donald et publiés par Thumbflix. On trouve également des dessins animés reproduits au bord des pages ou à découper insérés dans des périodiques destinés à la jeunesse comme dans la revue Child life dans les années 1930, dans un numéro de Tintin en 1965, Le Journal de Mickey à plusieurs reprises en 1991, Youpi en juin 1995 ou Toupie en 2000. Il existe même une planche de timbres éditée par les Maldives pour le centenaire du cinéma en 1995 dont les timbres découpés constituent un (court) flip book.
Depuis l'arrivée d'internet, il est possible de trouver sur certains sites des images qui une fois imprimées peuvent être assemblées en carnet pour constituer un flip book. L'un des plus célèbres a certainement été The News Tribune's Kingdome to Kingdoom ! Flip Book . Placé sur le site du News Tribune, il représentait l'implosion du Kingdome de Seattle le 26 mars 2000. Il suffisait de l'imprimer et de l'agrafer. Pédagogique lui, le flip book trouvé sur le site de la Cité des sciences et de l'industrie à Paris qui pour son exposition Opération Carbone en 2004 donne à imprimer sur son site un flip book intitulé « Regardez une plante (Tabebuia) pousser à toute allure » dont l'original pouvait être feuilleté dans l'exposition. Il s'agit d'un ensemble de photos qui montrent la pousse de cette plante à différents stades. Outre ce type d'événements d'actualités les flip books que l'on trouve beaucoup sur internet sont faits pour donner aux enfants l'opportunité de les réaliser. Ainsi le Bat Flip Book ou le Whale Flip Book sont très faciles à assembler. À remarquer parce que tout à fait différent, un dessinateur, Mark Sinclair, qui a trouvé ce moyen depuis 1997 pour montrer les flip books qu'il réalise de façon artisanale sur des Post-it® ; ce sont donc des exemplaires uniques. Il se sert d'internet pour les animer sur son site (www.bigempire.com/postittheater).
Le recto des cartes à jouer a parfois servi de flip book. Quand elles sont rangées dans le bon ordre on peut ainsi faire défiler une histoire. Le plus ancien que nous ayons retrouvé est un jeu espagnol sur lequel figurent des dessins de Félix le chat. En 1967 ont été réalisés par les Chewing Gums Topps, une série de 16 flip books consacrés au groupe pop The Monkees devenu populaire dans les années soixante par une série télévisée. Chaque flip book est emballé dans ce que les Américains appellent un Wrapper , une enveloppe qui ne laisse pas voir son contenu. Ainsi fallait-il parfois en acheter plus pour réunir les seize flip books. Amusants et ludiques ces flip books réalisés par un couple pour annoncer leur mariage et par un autre pour la naissance de leur fille. Remarquable également ces Mémoires d'un bègue réalisées sous forme de flip book par Henri Dhellemmes en 1991 à 99 exemplaires. La seule façon de le lire est de le feuilleter. Original enfin ce flip book à colorier distribué dans les avions par British Airways avec des crayons de couleur pour occuper les enfants.
1 : « The Flick Book Story » dans Where film comes to life , Centenary of Cinema, Museum of the Moving Image, 1995. 2 : Jérôme Delgado, « Un passionné du dessin d'animation au SAC. Jean-Pierre Trépanier », site du journal Forum, Université de Montréal, 11-2-98, vol.33, année universitaire 1998-1999. 3 : Décrit dans Maurice Rickards, The Encyclopedia of Ephemera, The British Library, 2000. 4 : Sur ces jouets publicitaires voir l'article de Pascal Pontremoli, « Donner pour vendre : éléments pour une typologie du jeu et du jouet publicitaire », 15 e partie, Le Vieux Papier, fascicule 350, octobre 1998, qui comporte une section sur les flip books publicitaires (pp.158-159).
|
© Pascal Fouché, 2024 | Site optimisé 1024 x 768, utilisant des pop-ups | Mentions légales |