L’exemplaire de Guillaume Apollinaire du Biofix n°3254, réalisé rue Poissonnière à Paris, le représentant avec André Rouveyre le 1er août 1914, a été vendu jeudi après-midi aux enchères à l’Hôtel Drouot à Paris. L’estimation était de 15 à 18 000 euros, mais les enchères, commencées à 8 000 euros ont atteint 76 000 euros. L’acheteur a donc dépensé en tout 95 000 euros avec les 25 % de frais... pour cet exemplaire unique.
On ne savait pas où se trouvait cet exemplaire car André Rouveyre avait raconté que c’est à partir de l’exemplaire d’Apollinaire retrouvé par sa veuve en 1938 qu’avaient été faites les reproductions connues ; on pensait qu’il avait été défait et avait disparu or il provient de l’ancienne collection Jacqueline Apollinaire.
Ce 1er août 1914 donc, Guillaume Apollinaire et André Rouveyre, auraient pourtant pu partir avec chacun leur exemplaire, à moins qu’Apollinaire ait gardé les deux exemplaires ? Dès la première reproduction sortie en 1944, qui en donne les 50 pages dans un format agrandit, on voit les perforations de la pellicule (ce qui n’est pas le cas quand le Biofix comporte sa base en métal) ce qui laissait à penser qu’il a très probablement été défait pour que les photos soient contretypées les unes après les autres. Les mêmes illustrations ont servi pour toutes les reproductions postérieures, complètes ou non, et notamment la dernière réalisée par l’éditeur André Dimanche en 1992.
Est-ce cet exemplaire qui a été remonté alors qu’on le pensait disparu ? Pourtant on a l’impression qu’il est tel qu’il était à l’origine sauf qu’il ne comporte que 49 pages : la première page a été arrachée ce qu’il fait qu’il ne reste que 48 photos et la dernière page qui comporte le numéro Biofix alors que l’exemplaire d’origine comportait 50 pages dont 49 photos. Il a bien l’adresse de Biofix Paris au 23, boulevard Poissonnière au dos et en plus l’étiquette rouge sur la base en métal que l’on ne retrouve pas sur tous les Biofix sans doute parce qu’elle a été le plus souvent arrachée. L’exemplaire porte en plus au verso de la dernière page le cachet de la Collection Jacqueline Apollinaire.
C’est certainement le plus connu des Biofix même si l’on sait qu’il y en a certainement eu quelques milliers dans les boutiques de Londres, Paris, Bruxelles et Berlin dans les années 1910 et il serait surprenant que d’autres célébrités ne se soient pas faites photographier aussi chez Biofix. Si c’est le cas on ne les a pas encore retrouvés. Et comme il y a eu bien d’autres systèmes du même genre, l’Olympia Jacques Haïk, les procédés Wassner, le Kinophot, le Kinotyp, le Kinofix, le Kino-Block, le Moviematic Laboratories, le Photo Cinema-Magic, etc. (regroupés sous le genre « Portrait Flip » dans ma base de données), on peut encore faire des découvertes... enfin je l’espère !