Celui qui a donné le nom de « Folioscope » au flip book en France s’appelait Charles Auguste Watilliaux. Comme je l’ai indiqué dans l’ « Historique », on connaissait ce flip book par un article de Gaston Tissandier dans la revue
La Nature du 21 mars 1896. L’article était accompagné d’un dessin qui le représente qui a depuis été plusieurs fois utilisé, y compris par moi-même, pour montrer le principe du flip book :
Jusqu’à présent je n’avais personnellement jamais vu ce flip book dans aucune collection ni aucun musée et je ne savais même pas s’il en subsistait…
Aujourd'hui, il intègre ma collection et c’est exactement celui qui est reproduit sur cette illustration ! Gaston Tissandier le décrivait ainsi :
« Il s'agit d'un album double dont nous représentons dans la gravure que nous publions ici les deux exemplaires brochés ensemble dos à dos. Les pages de ce double album ont 5 centimètres de hauteur et donnent chacune diverses reproductions d'une danseuse qui lève et abaisse les bras et les jambes et d'un forgeron qui bat son fer rouge, ou d'une gymnaste qui fait du trapèze. »
Il oublie un côté puisqu’il est tête-bêche et recto verso : la quatrième animation représente un papillon qui bat des ailes.
Il est en bon état pour son âge, seules les couvertures, en papier gris, sont légèrement abîmées, mais l’intérieur, même si le papier a un peu jauni, est complet et en très bon état. Sous l’indication «
Folioscope » figure la mention «
Nouveau jeu d’optique » et la marque de l’éditeur qui signait «
W.X. Paris », ce que Tissandier n'avait pas jugé utile de reproduire.
En voici les deux côtés :
Chaque flip book commence par une petite explication sur trois pages (toujours la même) :
« Le Folioscope.
Voulez-vous voir s’animer les sujets dessinés sur ce petit cahier ?
Tenez-le verticalement entre les doigts de la main gauche, et de la main droite courbez l’extrémité des feuillets de manière que la tranche forme un biseau sur lequel se posera le pouce, et que l’index et le médius soutiendront en dessous.
Laissez glisser maintenant le pouce de la main droite sur la tranche, ni trop lentement, ni trop rapidement, pour qu’il n’y ait pas d’arrêt dans le défilé, ni de feuillets passant inaperçus.
Avec un peu de pratique, et si vous avez soin de bien éclairer les dessins, vous serez sans doute étonné du résultat. »
C’est signé «
Watilliaux, éditeur, Paris » et suivi de l’indication «
Déposé ». Comme je l’indiquais dans l’Historique j’ai retrouvé des brevets de Watilliaux mais ils sont plus tardifs et pour des feuilleteurs.
Il n’y a pas de date mais comme Gaston Tissandier suivait attentivement tous ces jeux optiques, on peut penser qu’il date du tout début de 1896 ou plus probablement de la fin 1895.
Selon la revue
Jouet Mag ! Le magazine d’informations sur les jeux et jouets n°13 de novembre 2001 dans un article intitulé : « Les éditeurs français de jeux 1850-1950 » :
« En 1874, Charles Watilliaux succède à la maison Coqueret, spécialisée dans les jeux de société. Il lance, en 1879, la
Lepidochromie, qui est un jeu sur l'art de décalquer les papillons, et
Le Petit Chimiste. D'autres jeux scientifiques suivront, de même que des jeux de parcours, des casse-têtes, des jeux de questions-réponses, des jeux de patiences ou des jeux de société plus classiques...
En 1908, la maison Watilliaux, dont la marque de fabrique est "W.X.", est reprise par Revenaz et Tabernat. »
Maintenant il me reste à essayer de trouver les feuilleteurs de Watilliaux, ce qui est encore plus improbable… même si l’un d’entre-eux au moins existe, Le Folioscope Mécanique, dont un exemplaire se trouve à la Cinémathèque Française (reproduit dans le catalogue de l’exposition de Düsseldorf).
Mais on ne sait jamais... je n’avais jamais pensé mettre un jour la main sur ce premier « Folioscope » !