Non, je n'ai pas tout !

On a un peu trop tendance à croire vue l’ampleur de ma collection que j’ai déjà tout, mais c’est loin d’être le cas… d’abord parce que j’en trouve toujours et aussi parce qu’il s’en produit toujours de nouveaux.
Quelques exemples.
Une amie vient de m’offrir un flip book réalisé pour une exposition sur la chronophotographie à Beaune en 1984 : c’est la Chute d’un chat tenu les pattes en l’air photographiée par Etienne-Jules Marey en 1894, une séquence mythique, et je ne l’avais jamais vu.



J’ai aussi découvert, et ça m’étonnait vu la mode actuelle qu’il n’y ait pas de flip books inspirés de mangas, six flip books datés de 1998 et 1999 tirés de la série Hentai G-Taste de Hiroki Yagami. C’est une célèbre série japonaise assez coquine, qui a donné lieu à des vidéos (interdites aux moins de 18 ans) et des jeux. Les flip books représentent des héroïnes de la série dans des vêtements et des poses extrêmement suggestives. Comme les livres japonais qui se lisent en partant de ce qui serait la fin pour nous, ils se feuillettent de la main gauche. Il y en a certainement d’autres.



Grâce à Wiebke Fölsch je viens de me procurer cinq flip books d’une illustratrice allemande, Marianne Ulrich, dont le dessin très travaillé fait penser à ces très beaux albums illustrés pour enfants qu’on trouve aujourd’hui (http://www.miniata.de/).



Je viens aussi de recevoir douze flip books de Nikki Thompson qui ont été exposés à San Francisco à la fin de l’année dernière. Sous le titre A Contemplation on the Obsessive Nature of Time, ils sont inspirés des écrits de l'écrivain argentin Julio Cortázar « Preamble to the Instructions on How to Wind a Watch » and « Instructions on How to Wind a Watch ». Sous la forme d’un flip book par mois avec une page par jour on y voit le temps qui défile et une plante qui pousse jusqu’à ce qu’une montre gousset en sorte ! Original et inattendu.



Tout ça pour dire qu’il ne faut pas hésiter à me signaler (par e-mail en cliquant sur Contact) quand vous voyez des nouveautés ou des flip books que je n’ai pas… il y en a encore beaucoup !

Et puis il y a ceux que je recherche aussi parce que je sais qu’ils existent et que je ne les ai pas : il s’agit surtout de flip books d’artistes repérés ici ou là et notamment de Anton Bogaty, Joseph Brajcki, Alec Dann, Isobel Dowler Gow, Gunther Förg, Paolo Gioli, Warja Honegger-Lavater, Todd Lown, Robert Pistilli, Markus Raetz, Dieter Roth, Harry Saffren, Yves Sandeman, Gary Schwartz, Rosemarie Trockel, Richard Zybert ; et tous ceux que je ne connais pas…

Rennes (suite et fin)

C’est aujourd’hui que se terminent les expositions à Rennes et c’est aussi la fin des manifestations commencées il y a trois mois avec un bilan très satisfaisant selon les organisateurs, le dossier de presse et le nombre de visiteurs en témoignent.
Ça a été un gros travail, mais c’est une belle réussite ; on a beaucoup parlé de flip books, beaucoup sans doute ont découvert cet univers que peu de gens connaissaient. Tout le monde en a vu mais beaucoup en ignoraient même le nom ; c’est sans doute moins vrai aujourd’hui et c’est tant mieux. Merci à tous ceux qui y ont contribué.
Les manifestations se sont terminées jeudi avec la délibération du jury pour le concours et la proclamation des prix suivie du dernier ciné-concert.
Le jury, animé par Mathieu Renard de Lendroit, était composé de : Leszek Brogowski, professeur d’esthétique à Rennes, Thomas Dupuis des Éditions Flblb, Jean-Pierre Lemouland, réalisateur (JPL Films), Dominique Mainguené des Éditions du Petit Démon et moi-même.
Il y avait 164 flip books en compétition de huit pays (France, Allemagne, États-Unis, Slovénie, Belgique, Canada, Pologne et Portugal) et les débats ont duré toute la journée par éliminations progressives puisqu’il devait y avoir trois gagnants qui verraient leurs flip books édités. En fin d’après-midi il restait une dizaine de flip books qui auraient mérité une édition. Le choix définitif s’est fait en combinant les critères esthétiques et les impératifs des éditeurs qui se sont montrés plus ouverts au fur et à mesure des délibérations puisqu’au moins deux des flip books retenus ne sont pas des plus faciles à réaliser.
Finalement il a été décidé de récompenser non pas trois mais quatre flip books. Trois étant édités par chacun des éditeurs (les Éditions du Petit Démon, Flblb et Lendroit) et le quatrième en commun par les trois éditeurs parce qu’il s’agit d’une réalisation un peu exceptionnelle.
Le flip book qui sera édité par les Éditions du Petit Démon est de Marie Bocquet et intitulé Cut. Il représente une main qui tient un cutter qui coupe un papier le long d’une règle. Et quand le cutter arrive à la fin les feuilles se séparent…Sans doute pas facile à éditer mais l’éditeur n’a pas hésité longtemps devant l’idée et la qualité de la réalisation.
Celui qui sera édité par Flblb est de Jérémy Liron et il est intitulé Les Minuscules. Il représente des pigeons qui vont et viennent dans les pages et se dispersent. C’est une jolie animation.
Celui qui sera édité par Lendroit est de Corinne Janier et intitulé La Dérive. Il représente une nageuse qui plonge et qui sort du cadre à la fin. C’est une belle idée très bien représentée.
Enfin celui qui sera édité par les trois éditeurs s’intitule Flip Book de Stéphane Rengeval. Il représente un livre blanc entrain d’être feuilleté. C’est l’idée du flip book dans le flip book qui même si elle a déjà été utilisée est très bien réalisée en couleurs et dans un grand format (18 x 24 cm à peu près). C’est ce format notamment contrairement aux trois autres qui sont au format de flip books traditionnels qui faisait qu’il pouvait difficilement être pris en charges par un seul éditeur. Mais comme cela aurait été dommage de le laisser de côté pour cette raison ils ont finalement décidé de le faire ensemble.
Dans quelques mois on aura donc quatre flip books tirés chacun à 1000 exemplaires qui deviendront des collectors…
Le jury a aussi décidé d’attribuer des mentions spéciales pour des réalisations marquantes qui toutes auraient mérité d’être éditées. Il s’agit de flip books de Marie-Hélène Richard, Stephanie Ognar, Bruno Elisabeth, Lionel Pralus, Sigrun Köhler, Erol Gulgönen, Caroline Joubert, Laetitia Shudman, et l’école Duchesse Anne de Rennes.
Il ne reste plus qu’à renouveler l’expérience dans un an ou deux. Je suis sûr qu’on peut avoir encore plus de participants et découvrir d’autres artistes. D’ailleurs il ne serait pas surprenant que certains des flip books qui n’ont pas été retenus finissent par être édités, ça a donné des idées aux éditeurs !

Après la proclamation des résultats, nous avons pu voir le dernier ciné-concert. Il y en avait déjà eu deux le 1er et le 23 mars auxquels je n’avais pas pu assister. L’artiste vidéaste Eddy Chantefreau a travaillé à partir des rushs du dvd pour monter des séquences de défilement ou détournements de flip books sur une musique en direct de Gastrolab. Le résultat est très intéressant. Evidemment je ne suis sans doute pas très objectif mais j’ai beaucoup aimé le montage qui donnait des choses assez surprenantes et une autre façon de voir des flip books de ma collection que je croyais bien connaître. Pour moi c’était un peu émouvant de penser que c’étaient mes flip books qui étaient ainsi présentés. Et la musique de Gastrolab, un peu répétitive comme j'aime, donnait beaucoup de rythme à l’expérience. Bref un très bon moment.

Maintenant j’ai un peu hâte de récupérer ma collection ; il y en a beaucoup qui ne me manquent pas vraiment mais certaines pièces que j’aime bien je crois que je préfère les avoir pas loin…

Chica et Chico

Sortis il y a un an en Argentine, ces deux flip books exceptionnels publiés par La Marca Editora viennent d’arriver en France.
Il s’agit de photographies d’enfants qui au fil des images deviennent adolescents par le photographe espagnol Pere Formiguera. J’avais déjà mis dans ma collection un livre de Pere Formiguera, Cronos, publié en 2000 qui représentait des photos de visages ou de corps d’hommes, de femmes et d’enfants prises pendant une dizaine d’années dans la même position et qui n’était pas à proprement parler un flip book mais qui en le feuilletant donnait l’impression de voir vieillir ses modèles, de saisir le temps qui passe.
C’est le même principe ici, une autre exploitation de ce même travail. Dans Chica, ce sont 63 photographies de Julia, prises à un intervalle de dix semaines environ et donc dix ans qui passent en le feuilletant en quelques secondes. Dans Chico, ce sont 63 photographies de Pau sur le même principe. Le format 15 x 10 cm donne toute leur ampleur à ces photos.
Pour moi le caractère exceptionnel de ce travail de Pere Formiguera est cette idée de défilement du temps, de transformation du corps que l’on voit vieillir en quelques secondes. C’est là que le flip book prend tout son sens ! On imagine ainsi voir quelqu’un de sa naissance à sa mort… quatre-vingt ou quatre-vingt dix ans qui défilent en quelques secondes ! On peut rêver même si c’est difficilement réalisable…
Apparemment, et on peut le regretter, tout le monde n'y voit pas que le côté artistique parce que si ces flip books ont mis autant de temps à nous arriver c’est qu’il y a eu des problèmes de censure, notamment en Grande Bretagne où on ne les trouvait toujours pas il y a quelques jours.
Ici on peut enfin se les procurer chez Heeza (http://www.heeza.fr/).